Quel communisme ?
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Publication : octobre 1994
Mise en ligne : 28 avril 2008
Djémil Kessous revient sur l’analyse présentée dans notre dernier numéro par Jean-Pierre Mon.
C’est une excellente synthèse de l’ouvrage intitulé L’économie contre la société de B. Perret et G. Roustang, que J-P Mon nous a offerte. Il a, notamment, fidèlement retranscrit une certaine idéologie exprimée par les auteurs et qui est fort discutable : d’après ces derniers, en effet, le communisme est « mort presque naturellement de son échec économique ».
Le fait est que l’ouvrage en question est constellé de telles allusions. Évitons d’être dupes et de nous laisser aveugler par une certaine idéologie : une propagande insidieuse orchestrée par les partisans du système libéral a assimilé depuis les premiers errements de la guerre civile, le communisme à ce qui deviendra très rapidement le stalinisme ou le maoïsme. Les mêmes, à présent, nous abreuvent avec les échecs de ce qu’ils nomment malicieusement le socialisme réel. Il faut bien insister sur le fait que, dès le début, il y a eu en Europe occidentale (notamment en Allemagne avec Rosa Luxemburg) des organisations communistes qui ne se sont jamais senties représentées par Lénine et ses partisans et qui continuent d’exister aujourd’hui.
Dans le Mouvement socialiste du 15-10-1899, Marcel Mauss, qui éprouvait par ailleurs une grande admiration pour Marx, dénonçait déjà ceux qui assimilaient leur marxisme avec « l’ensemble du système pratique du socialisme dont le marxisme fait partie intégrante mais qu’il n’épuise nullement ». Malgré toute leur bonne volonté, Lénine n’a pas plus épuisé le communisme que Mitterrand le socialisme.
Une vérité nous apparaît cependant incontestable en cette fin de siècle : si un système est épuisé, c’est bien le libéralisme. Ce ne sont, en tout cas, ni le communisme, ni le socialisme qui ont échoué en URSS ou ailleurs mais des bricolages hâtivement improvisés pour tenter de s’opposer à ce système monstrueux en pleine croissance qui a fini par les balayer comme des fétus : nos fondations restent saines…