Le « Comecon » ?... et ta sœur ?


par  P.-N. ARMAND
Publication : août 1980
Mise en ligne : 25 avril 2008

LE système capitaliste est-il en excellente forme ? Ses bulletins de santé sont publiés régulièrement par des « diagnostiqueurs » telle la - Revue de l’Agence économique et financière de Paris ». Un spécialiste, L. Holtzman, signale dans le numéro spécial de Noël 1979, que le « COMECON » (le Marché commun des pays de l’Est) doit 90 milliards de dollars aux USA et à l’Europe. (Prévisions pour 1990 : 200 milliards).
Ce technicien n’est pas ému d’une pareille ardoise. Au contraire, il jubile, écrivant :
« Les pays occidentaux ont un besoin impérieux d’exporter leur production pour éviter récession et chômage. Il ne peut donc être question de limiter ou d’arrêter le commerce avec l’Est. Il serait donc fallacieux de conclure que le commerce Est-Ouest s’effectue aux frais des nations du monde libre ou au seul bénéfice des pays communistes ».
Lorsque ce sont les partisans de l’Economie distributive qui le disent, on hausse les épaules. Maintenant que ce sont les capitalistes eux-mêmes qui le découvrent, que penser ?
Les capitalistes (ou socialistes) étatiques de l’Est connaissent la faille, allant s’évasant, ils n’ont qu’à tendre leurs rouges tabliers, les pommes d’or des Hespérides occidentales y tombent toutes seules, ...avec leurs illusions.
D’ailleurs si le COMECON en question émettait un jour la prétention de payer, ce serait la catastrophe. Le Zlotys, c’est les 3/4 du Rouble, et le Rouble, c’est zéro. Or les 3/4 de zéro ça ne fait pas un Kopeck dirait le Secrétaire général du P.S. L’URSS pourrait payer en dollars ? Surtout pas ! L’avalanche de Russodollars ferait encore dégringoler la cote du billet vert de vertigineuse façon. Ca serait pis, si le Kremlin voulait régler en or. La baisse du métal-refuge jetterait le désarroi chez les adorateurs du veau de ce métal, lesquels ne se recrutent pas à Aubervilliers. L’Est pourrait payer en matières premières ? Mais nous sortirions du système capitaliste pour retrouver le troc.
Admettons-le un instant. Et constatons que l’URSS commence à ménager le pétrole, le bois, les céréales, les métaux précieux, sinon à en manquer. Restent les produits finis. L’Ouest en manque-t-il ?
De quelque côté que l’on retourne la question, elle ne présente que des réponses négatives. Seul point positif, le système capitaliste se dévore lui- même, telle cette bestiole préhistorique dont le nom m’échappe au moment où j’en ai besoin. Tant pis on fera sans.