Une saine image du monde

Télévision
par  P. ROSSET
Publication : août 1980
Mise en ligne : 25 avril 2008

...« Nous avons eu la chance, lundi soir 9 juin, de suivre sur Antenne 2 l’émission époustouflante, en Mondiovision, L’IMAGE DU MONDE. Bravo pour cette présentation internationale  ! Si les hommes de tous les pays font ensemble le recensement des richesses et des besoins du monde, tous les espoirs sont permis.
Il y a eu tout d’abord un survol, trop sommaire bien sûr, de notre planète pour en estimer les ressources par quelques flashes pris en direct en différents points du globe ; par exemple pour l’énergie hydraulique, nous avons vu la petite dérivation faite par le riverain d’un ruisseau pour obtenir les 2 Kw d’électricité dont il a besoin, puis le gigantesque barrage en construction au Brésil (et qui sera le plus grand du monde) qui occupera 26 000 travailleurs sur le chantier pendant 10 ans, et dont les 18 turbines fourniront alors presque autant d’électricité que 18 centrales nucléaires du type actuel !
Un bond en Yougoslavie nous permet d’apprendre que la recherche du laboratoire agronomique permet d’espérer la mise au point d’une variété de maïs hybride qui pousserait en 3 mois, ce qui fournirait deux récoltes par an. Quelle aubaine si l’on peut transmettre cette combine à nos frères affamés du Tiers Monde !
Des interventions d’Haroun Tazieff (dont l’équipe explore, sous nos yeux, le cratère d’un volcan d’Italie) nous révèlent les immenses possibilités de l’énergie géothermique qu’il suffit d’aller puiser dans le sol.
Quant à l’immense océan, sixième continent presqu’inexploré et inexploité, couvrant pourtant les 70 % du globe, il contient des mines de richesses incommensurables... si la pollution des rejets industriels ne les gâte pas...
Enfin, les ressources de l’énergie solaire, renouvelées continuellement et gratuitement, sont à notre disposition, notamment dans les pays pauvres. Elles ne sont pas exportables au profit des investisseurs des pays riches... ce qui explique le désintéressement des financiers...
Mais, le plus passionnant, à mon avis, malgré l’heure tardive, ce fut le débat qui réunissait Léopold SENGHOR, président du Sénégal, Aurélia PECCEI, du Club de Rome, Edward SAOURA, directeur général de la F.A.O., etc...
Tous ont conclu que la faim dans le monde pouvait être abolie si... on renonçait au système du profit et de l’armement. Léopold Senghor, avec un admirable esprit pratique, avait déjà judicieusement proposé à l’O.N.U. que chaque pays, même des plus pauvres, consacre systématiquement 5 % de son budget d’armement à la lutte contre la faim.
5 %, c’est un début, mais les budgets d’armement sont si grands... que cela suffirait presque à supprimer les disettes !
Quand il s’agira enfin de produire ce qui est nécessaire pour les besoins des hommes, et non pas ce qui est vendable aux seuls nantis, tout sera changé. Mais, comme concluaient les participants du débat, il faut une planification mondiale des besoins et des ressources et non pas l’anarchie actuelle du système capitaliste concurrentiel, qui n’a pour ressort que le profit.
Merci à Antenne 2 d’éveiller ainsi les consciences et les bonnes volontés.
Hélas, j’apprends, depuis, que la France s’apprête à lancer un nouveau sous-marin lanceur de bombes nucléaires, ultra sophistiqué (dont le prix privera le Tiers-Monde de notre aide), et qu’elle investit des sommes démentielles dans la préparation de la bombe à neutrons.
Mais je ne désespère pas du bon sens qui doit être quand même le lot de le plupart des hommes !