II - Les méthodes de l’agriculture biologique
par
Publication : septembre 1977
Mise en ligne : 18 avril 2008
Notre camarade A. Mestrallet, après avoir montré la nécessité de l’agriculture biologique, nous en a exposé ici les principes généraux. Il décrit aujourd’hui pour les lecteurs intéressés, professionnels ou tout simplement jardiniers amateurs, les principales méthodes.
La méthode Lemaire-Boucher utilise le compostage
rapide en tas, l’algue calcaire lithotamne et les légumineuses
en culture dérobée ou en assolement.
Elle dérive de la méthode Howard, perfectionnée
par Sykes, la première en date. Howard, qui a résidé
longtemps en Inde, est l’inventeur du procédé «
Indore » : compostage lent, sur trois mois environ, de tous débris
végétaux. On « recoupe » une ou deux fois
les tas de compost, c’est-à-dire qu’on les brasse, en déplaçant
légèrement les matériaux : ceux qui étaient
au fond se retrouvent en surface, et inversement.
Alwin Seifert a effectué des expériences semblables en
Allemagne pendant une trentaine d’années. L’un et l’autre se
targuent d’excellents résultats. Ils se sont heurtés au
mur de ricanements officiels ou à la conspiration du silence,
On connaît ça. C’est encore moins pardonnable que pour
l’Economie Distributive, car il est facile de reprendre les expériences
même si cela exige quelques années.
Il existe encore d’autres méthodes : au compost l’agriculture
biodynamique ajoute des préparations de plantes et tient le plus
grand compte des influences cosmiques. Un calendrier indique les dates
favorables pour telle plante, en fonction de la position des astres.
Nous n’avons pas eu le temps d’expérimenter la totalité
de la méthode, mais l’utilisation du calendrier n’est pas sans
effet. Des témoins nous ont vanté la beauté des
jardins biodynamiques. (1)
Très pratiquée en Suisse, la méthode Muller utilise
le compostage en surface et la poudre de roches broyées. Le fumier
et les résidus végétaux sont étendus sur
le champ, où ils restent plusieurs semaines, sinon plusieurs
mois, avant d’être enfouis à faible profondeur. Une variante
de cette méthode consiste à enfouir tout de suite le fumier,
mais toujours superficiellement. C’est celle de l’agriculteur cité
dans notre précédent article. Si l’on en juge par la propreté
du blé et la vigueur des plantations de légumes, cette
variante n’est pas à négliger. Mais semblable en cela
à la méthode Lemaire, elle utilise le lithotamne et les
phosphates naturels broyés, au lieu de la poudre de roches, sans
négliger les légumineuses.
Notons au passage que le phosphate naturel broyé finement n’a
rien à voir avec le superphosphate qui, lui, est un produit chimique.
Le phosphate résulte du dépôt, au fond des mers,
des ossements de millions d’animaux marins de grande taille. Il contient
donc un grand nombre d’oligo- éléments en sus de la chaux
et du phosphore. Le traitement chimique ne l’améliore pas, il
le rend simplement trop soluble.
A ces amendements, certains préfèrent les poudres d’os,
de corne et autres déchets d’abattoirs. Nous estimons, pour notre
part, que toutes les méthodes sont valables et que seule l’expérimentation
les départagera suivant la nature du sol, le climat, etc... Que
les agrologistes prennent donc l’habitude de juger au résultat.
Il reste énormément à découvrir, mais les
débuts sont prometteurs.
Nous mettrons simplement les néophytes en garde contre le compostage
en surface des terres argileuses et lourdes. Mieux vaut commencer par
le compostage en tas, ou la variante signalée plus haut. Le compostage
en surface donne sans doute d’excellents résultats en terres
légères, mais il alourdit encore les terres argileuses.
Peut-être estil valable une fois ces terres ameublies. Ici, nous
parlons d’expérience.
Ces divers procédés permettent de réduire ou même
de supprimer le parasitisme. Lorsqu’il existe encore, les différentes
écoles n’autorisent guère que les insecticides végétaux
(roténone, guassia, nicotine), les fongicides à base de
cuivre et de soufre sans adjonction de produits de synthèse.
En cas d’attaque de limaces, op peut utiliser le poison, à condition
de le mettre dans des boîtes renversées, en attendant que
leurs ennemis naturels redeviennent assez nombreux où les légumes
assez résistants.
*
Lecteurs, à vos questions et remarques ! Faites-nous part aussi de vos expériences. La prochaine fois, nous envisagerons divers problèmes, tout en dialoguant avec vous. Voici une première liste d’ouvrages et de revues :
Claude AUBERT :
« L’agriculture biologique » ;
« Le jardin potager biologique ».
Alwin SEIFERT :
« Cultivons notre terre sans poison ».
Ouvrages édités par « Le Courrier
du Livre ».
Sir Albert HOWARD :
« Testament agricole »
(Editions Vie et Action, 388, bd Jh Ricard, 06140 Vence).
Revues :
« Nature et Progrès »
(3, chemin de la Bergerie, 91700 Ste-Geneviève. des-Bois).
« Agriculture et Vie »
(B.P. 235 - 49000 Angers).
(1) Issue des travaux de Rudolf Steiner en Allemagne, suivis par ceux d’E. Pfeiffer.