La « lutte finale » est commencée
par
Publication : septembre 1977
Mise en ligne : 18 avril 2008
CHAQUE fois que l’occasion s’en présente -
et c’est souvent - nous ne manquons pas de dénoncer les agissements
de la « Trilatérale ».
Rappelons qu’elle rassemble 200 personnalités les plus représentatives
- connues ou non - du capitalisme international. Parmi ses membres elle
compte des dirigeants tels Carter aux U.S.A. et Barre en France. Son
but est de s’opposer, par tous les moyens, à l’établissement
du Socialisme dans les pays que domine encore la loi du Profit.
Mais quel socialisme la Trilatérale veut-elle combattre ? Est-ce
celui des régions qui, sous ce nom mais sous formes de capitalismes
d’Etat, régissent, de gré ou de force, l’Est de l’Europe,
la Chine, Cuba et quelques petits Etats africains et asiatiques ?
Contre ce bloc partageant désormais, et pour longtemps, le monde
en deux, la Trilatérale ne peut plus grand chose.
Quelles que soient nos opinions sur ces régimes - et nos convictions
personnelles sur les moyens de maintenir la paix - nous ne pouvons que
constater ceci : l’armement du bloc des nations de l’Est constitue un
puissant rempart qui les protège contre des tentatives militaires
d’y rétablir un capitalisme libéral ou impérialiste.
Attaquer un des pays de ce bloc, en amorçant ainsi la 3e guerre
mondiale, constituerait un risque si terrible que la Trilatérale
y a renoncé.
Mais, face à la crise qui secoue mondialement toutes les économies,
il est à prévoir que, dans le bloc occidental, s’instaurent
les régimes où le capitalisme devra abandonner partiellement
sa suprématie.
Certes, nous savons très bien que ce n’est pas le socialisme
authentique qu’instaureront des gouvernements de gauche en appliquant,
ici ou là, des palliatifs s’apparentant au Programme Commun de
la Gauche Française. Sous leur direction, la crise économique
continuera à s’aggraver car elle est devenue irrémédiable.
Mais la gauche au pouvoir pourrait tout de même constituer une
ouverture lointaine pour l’édification d’un véritable
socialisme. Et c’est ce que la Trilatérale - qui voit loin -
s’efforce d’empêcher.
Or aucun des Partis, des Syndicats ou des Mouvements de gauche ne semble
prendre au sérieux ce péril.
Les partis communistes ont eu beau abandonner ce qui constituait leur
spécificité (soutien inconditionnel de l’U.R.S.S., du
prolétariat), rien, aux yeux de la Trilatérale, ne peut
faire oublier leur passé. Si on ne peut plus en faire des épouvantails,
on suspecte leur bonne foi dans leur désir de collaborer à
des unions de la gauche réformiste.
Carter, qui est pourtant une des créatures de la Trilatérale,
estime qu’il s’agit là d’une donnée politique de fait.
Il pense que la participation minoritaire aux « affaires »
de ce que sont devenus les Partis communistes ne serait pas dangereuse
pour le capitalisme. Ne voulant même pas admettre cette évolution,
la Trilatérale fait alors donner d’autres ténors.
Henry Kissinger, dans des déclarations fracassantes, vient de
condamner l’Eurocommunisme et demande aux U.S.A. et aux nations «
libres » d’empêcher la participation des communistes aux
gouvernements de gauche qui se constitueraient en France, en Italie
et au Portugal.
Déjà, des manoeuvres diverses tendent, dans ces pays,
à rompre cette union.
Lorsqu’elle sera au pouvoir, la gauche - qui semble n’avoir rien prévu
contre les attaques du capitalisme international - pourra-t-elle lutter
à Ia fois contre la crise économique, le chômage,
la fuite des capitaux, l’opposition interne des partis de droite, musclés
ou non, tout en conservant des structures capitalistes inadaptées
au progrès machiniste ?
Puisque, nous dit-on, le Programme Commun constitue une étape
vers le socialisme, est-on sûr nue le capitalisme sera assez docile
pour ne pas s’y opposer.?
Nous sommes persuadés que la « Lutte Finale » chantée
depuis cent ans par « l’Internationale », est à présent
commencée. Cela ne servira plus à rien d’abandonner les
buts que la vraie Internationale, la première, s’était
tracée. « L’appropriation collective des moyens de production
et de distribution » Oui est la vraie définition du socialisme.
Le capitalisme, conduit par la Trilatérale, s’y opposera de toutes
manières, même si la gauche, par opportunisme et crainte
du réel, cache son drapeau.
Ne serait-il pas temps de nous écouter et d’expliquer à
« notre peuple », et pas seulement aux électeurs,
que seul le socialisme peut nous sortir de la crise que le capitalisme
est désormais incapable de maîtriser ?
Si ce travail de préparation des esprits n’est pas entrepris
d’urgence, alors il est à craindre que le Programme Commun ne
soit suivi, hélas ! par des « lendemains qui pleureront
».