Revenu de citoyenneté
par
Publication : octobre 1990
Mise en ligne : 7 avril 2008
Dans notre numéro 890, essayant de clarifier
ce que nous refusons de l’actuelle "économie de marché",
je faisais remarquer que le mot "social" est tellement dévalué,
qu’il y aurait lieu de substituer au terme de revenu social, celui de
"revenu de citoyenneté" quand on décrit l’un
des trois volets de l’économie distributive.
J’ai eu le plaisir de lire dans "Fragments", revue des créditistes,
que mes propos sur le marché ont pleinement reçu leur
accord. Mais j’ai eu la grande surprise de voir les créditistes,
sous la plume de J. Dutrieux, se demander si par "revenu de citoyenneté",
je voulais parler de redistribution ! Comment poser pareille question
alors qu’il s’agit d’économie distributive ! Nous avons si souvent
et clairement (1) montré la différence fondamentale entre
la redistribution, qui se pratique actuellement, et la distribution
des fruits d’un capital de richesses, de savoir-faire et de connaissances,
accumulé au cours des siècles, et dont nous sommes tous
co-héritiers ! Le revenu de citoyenneté est donc à
nos yeux l’usufruit d’un co-héritage selon les termes de J. Duboin.
Ceci étant précisé, je tiens à mon tour
à dire combien j’ai apprécié les études
sur Proud’hon et sur la cité grecque, qui suivent, dans l’article
de J. Dutrieux, et à constater bien des convergences de vues
entre nous. II reste des divergences puisqu’en économie distributive,
il n’y a ni impôt, ni crédits bancaires donnant lieu à
intérêts. Mais je crois que distributistes et créditistes
se retrouvent sur le principe de subsidiarité (voir par exemple
le chapitre XI des "Affranchis de l’An 2000") et je suis très
heureuse que l’idée de contrats à tous les niveaux leur
ait, comme à moi, semblé le bon moyen de garder du "marché"
ce qu’il a de bon.
(1) Voir dans "L’économie libérée" le chapitre intitulé "La redistribution, solution dés conservateurs".