Du ressort pour la relance européenne

Actualité
par  P. VILA
Publication : octobre 1990
Mise en ligne : 7 avril 2008

Le périodique européen "The Economist" du 18 août 1990 brosse un tableau soudain rassurant de l’avenir proche pour les "euro-économies"... Surprise ? Voici l’Europe devenue l’espace privilégié pour la finance mondiale. Quand nos soldats s’élancent au carnage, on sait que les gouvernants occidentaux vont se plier aux volontés des maîtres-magiciens du crédit et de la dette.
Mais il "faut" donner bonne conscience, bon espoir et bon moral aux cadres d’affaires qui vont devoir opérer la relance de cette guerre économique chaude. Les "grands" de la seconde guerre mondiale finissent d’épuiser leurs bien réelles richesses économiques au service du pouvoir financier, et seront bientôt discrédités. II faut au pouvoir financier un nouvel espace pour faire fructifier son crédit, sous la douce férule de la violence vengeresse des civilisés occidentaux contre le barbare Irakien.
The Economist publie les résultats comparés de 1980 et de1990, la prévision 1990 pour les taux d’inflation, en chute spectaculaire, et les croissances du PNB de "l’Euroligue", avec les pourcentages actuellement globalement positifs de la balance des comptes-courants commerciaux ; pour ces derniers chiffres de l’OCDE, il sera intéressant de comparer dans 10 ou 12 mois les chiffres réels de 1990, trimestre par trimestre...
L’éditorialiste fait son inventaire optimiste, qu’il est intéressant de parcourir
Investissement, produit national brut et croissance
"Encore arthritiques après 1980, les euro-économies se relèvent actuellement très vite grâce à deux leviers : l’investissement relancé par l’objectif 1992, et l’union allemande ; le PNB ouest-allemand doit progresser cette année encore de 4 °/ ; tirées par la RFA, presque toutes les autres économies d’Europe (excepté la britannique) devraient progresser de 3 à 3, 5 °l pour 1990. "
The Economist camoufle ainsi l’essentiel :
- d’abord il n’y a qu’en Allemagne, en Hollande et peut-être au Danemark que la croissance du PNB profite à l’ensemble des citoyens employés ; si on décrit le tableau actuel réel, les protections sociales se réduisent de plus en plus aux seuls employés. Les fruits de la croissance, c’est encore une autre histoire.
- les autres euro-économies, loin de réaliser l’intégration entre secteurs d’économie et entre régions, sont encore non responsables de leurs affaires ; seule la RFA a maintenu une croissance intégrant les mécanismes sociaux syndicaux et surtout de formation technique qui permettent une démocratie économique.

The Economist pratique comme toujours le glissement sémantique de présenter comme "progrès économiques" les profits financiers, assortis de dettes du système aux banques. Impertubable, The Economist poursuit
Enrichissement et choc pétrolier
"En RDA, l’effet de la flambée des prix pétroliers devrait être gommé par la hausse de 25 °/ du taux de change du D M.(c’est l’inverse au Japon). Les Euroéconomies sont devenues plus solides, car elles ont su
- combler leurs déficits budgétaires, apaiser l’inflation grâce à la discipline du SME , seule ombre au tableau : le chômage des 9
d’employables (contre 5 % aux EtatsUnis et 2 % au Japon), mais ce passif pourrait devenir une base de relance si les nations européennes réussissaient à former cette réserve de travailleurs, ce qui prolongerait l’expansion s’ils sont déployés avant le retour de l’inflation. " Que de si et qu’ils sont gros ! On peut se demander qui ment le plus entre les experts du Patronat Européen et le palotin de The Economist !
Et c’est justement aujourd’hui où éclatent les vrais déficits des nations du tiers-monde et de l’Esteuropéen, lorsque les pillards de la faim Iraquiens offrent aux puissances occidentales l’occasion d’expérimenter leurs machines de guerre sans étoiles, que The Economist nous fait miroiter un remplissage de poches européennes  ; on va fabriquer de nouveaux uniformes anti-gaz et antibactéries pour climats chauds, des relais mobiles ultra-légers de communications pour les James Bond de l’infiltration ?
Bien plus que tout celà, une troisième guerre mondiale est le meilleur moyen pour le méga-pouvoir international de cueillir l’Europe et de lui imposer sa loi, que les peuples d’Europe commencent à rejeter dans la patiente remontée des libertés individuelles et par les pressions qui contraignent les chefs d’Etats à des efforts de paix.
II faut clamer la vérité, utiliser tous les canaux d’aide et de démystification économiques viables pour résister à ces mensonges, lutter pour que cette crise du Golfe serve à rassembler les hommes de lucidité vers une reprise enfin saine ; déjà les principaux maghrébins se révèlent assagis, Egyptiens et Jordaniens donnent l’exemple de l’aide humanitaire et il devient permis de penser que les Syriens et les Israéliens vont prendre la guerre à revers. Si l’ONU savait manceuvrer Saddam Hussein et les belligérants occidentaux, The Economist en serait quitte pour nous expliquer qu’il y a des paramètres humains imprévisibles à prévoir par les scénaristes de stratégie économique... La paix soit avec nous