Vous avez dit chômage ?
par
Publication : octobre 1987
Mise en ligne : 1er avril 2008
"Chômeur" ? : ouvrier manuel des années 30 remplacé à son travail par une machine du "siècle électrique ou électronique", comme vous le voudrez. Dans les années 80, on peut ajouter des intellectuels, des médecins, des architectes, des P.D.G., des commerçants, des entrepreneurs, des éleveurs, des cultivateurs, des jeunes avec leurs CAP, leurs bacs, leurs licences et beaucoup de jeunes sans diplômes, etc... etc...
Des problèmes du "siècle électrique"
encore non résolus il n’en reste que 2 : l’abondance que l’on
s’acharne toujours à détruire allègrement malgré
la misère et le chômage in et hors frontières.
Bientôt les élections présidentielles et chaque
ténor viendra chez vous, grâce à la télé,
vous expliquer comment, pourquoi et pour qui vous devez mettre le "bon
bulletin" dans l’urne et chacun proposera une solution pour le
chômage car ce sont des savants !
Quant à moi, comme SaintThomas, j’ai voulu y mettre le doigt
et voici ce que ça a donné :
1939-1975 : chômage = 0 (guerre et après-guerre)
1975-1981 : V.G. d’Estaing, Président de la République,
R. Barre en son temps Premier Ministre.
Résultats 1981 :
1 700 000 chômeurs
24.01.81 : Congrès extraordinaire du Parti Socialiste. Dans le
manifeste, 72 lignes pour l’emploi. 1981 : Mitterrand, Président
de la République. Le P.S. au pouvoir avec une majorité
absolue.
Résultats 1986 :
1986 : 3 000 000 chômeurs
1986 : Mitterrand toujours Président
Chirac Premier Ministre.
Résultats 1987 :
3 500 000 chômeurs
On peut ergoter sur les chiffres mais on oublie trop
facilement ceux qui ne sont plus inscrits au chômage et ceux qui
n’y ont jamais été et les bons chiffres sont toujours
ceux donnés par l’opposition (qui change de temps à autre).
Les petits partis se gargarisent, c’est si facile quand on est dans
l’opposition.
Le PC et la CGT ont investi des millions de francs à Manufrance.
RESULTAT : après 3 ans, on a licencié des ouvriers comme
il était prévu auparavant.
Pour Arlette Laguillier, c’est un problème entre mauvais patrons
et bons ouvriers.
RESULTAT : LIP : pour Le Pen, c’est d’une facilité déconcertante,
un simple problème arithmétique : 3 millions de chômeurs
= 3 millions de bougnoules.
On vire les bougnoules et on a gagné !
Bien sûr, c’est les petites gueules bien propres et les mains
soignées des supporters du F.N. qui prendront en charge : les
poubelles, les chiottes et tous les travaux durs et insalubres réservés
à ces bougnoules, fauteurs de merde.
RESULTAT : Au bout d’un an, 500 000 nouveaux chômeurs.
Non M. Le Pen ! "Ce n’est pas une solution, c’est un pis-aller
à court terme".
Vous allez de nouveau apprendre des mots magiques : travail des jeunes,
nationalisations, privatisations et j’en passe car ces messieurs oublieront
qu’ils ont été au pouvoir et qu’ils n’ont rien fait, que
leur magie anti-chômage a fait long feu !
Alors que faire contre ce chômage qui résiste à
tous les envoûtements ?
RIEN car le chômage n’est pas produit par la crise mais par la
science et chaque jour : savants, ingénieurs, techniciens créent
de nouvelles machines, de nouveaux robots, de nouvelles "puces".
A la télé, quelqu’un a affirmé qu’il y a actuellement
en France 400 robots et qu’à la fin du siècle il y en
aura 10 000. Ce serait bien si les machines pouvaient consommer leur
production car ce n’est pas avec les allocations de sous-consommateurs
accordées aux chômeurs, de plus en plus nombreux, que l’on
écoulera la production nationale.
OUI MAIS il y a le miracle japonais de l’exportation.
"Ce qu’on ne peut vendre chez soi, allons le vendre ailleurs".
06 07 87 : A2, du Japon : devant l’effondrement des exportations, devant
la montée du chômage (7 %), les Japonais pensent relancer
la consommation intérieure en augmentant le pouvoir d’achat des
salariés, en réduisant la semaine de travail à
5 jours, en lançant des grands travaux pour l’amélioration
de l’habitat et des transports - en somme le Front Populaire de 1936.
Dans ce domaine, c’est déjà le commencement de la sagesse.
Quant aux vieux : mis à la retraite à 50 ans, ils ne perçoivent
leurs pensions qu’à 60 ans, en attendant, ils reçoivent
des allocations de misère. "Ne pourrait-on les exporter
aussi ?".
Le Japon, c’est bien, vu de l’Occident, mais pas pour la classe ouvrière
japonaise. Encore un mythe qui s’écroule.
Au début du 21e siècle, peut-être avant, un homme
sur deux travaillera 24 heures par semaine alors que tous consommeront,
ceux qui travaillent et ceux qui ne travaillent pas ou ne travaillent
plus. Le plus bizarre dans notre politique, c’est que l’on trouve :
- des défenseurs des nantis
- des défenseurs des patrons
- des défenseurs des fonctionnaires
- des défenseurs de la classe ouvrière
mais absolument aucun parti n’est défenseur des chômeurs.
Alors, c’est une catastrophe car ce chômage qui augmente et qui
atteindra sûrement 5 MILLIONS en 1995 atteint peu à peu
chaque classe de la société et fait diminuer le pouvoir
d’achat de la collectivité. Ce chômage nous entraîne
inévitablement à la révolution ou au fascisme.
Souvenezvous, chaque fois que dans un pays la misère n’est plus
tolérable pour la majorité, c’est
- 1789 : pas de pain à Paris : la révolution
- 1917 : famine en URSS : les Soviets
- 1920 : misère en Italie : Mussolini
- 1933 : 6 millions de chômeurs en Allemagne et l’on vote pour
Hitler
- 1975 : la misere chez les Arabes et c’est le chaos au Liban.
Et surtout, vous qui avez une belle situation ou même la fortune,
ne croyez pas que cela ne vous concerne pas. Croyez-vous qu’au Liban,
une voiture piégée ou une rocquette fait une différence
entre "un homme bien sous tous rapports" et "un misérable"
?
ALORS que faut-il faire ?
La réponse est tellement simple que l’on se demande pourquoi
personne n’en a encore parlé : "Transformez le mot "chômage"
en mot "loisirs" et répartissez entre tous, ces loisirs
créés par la science. VOUS ETES FOUS : c’est ce que mon
père, petit artisan plombier m’a dit en 1936 :
- vous voulez être payés 48 heures et travailler 40 heures,
- vous voulez 15 jours de congés payés
- il ne faut pas augmenter les prix
- où voulez-vous que je trouve le pognon ? j’ai déjà
assez de mal à m’en sortir.
Je me suis dit, il a raison. Comme beaucoup de jeunes en 1936, j’étais
Front Populaire. Je suis allé trouver un responsable de la CGT
qui m’a dit : "Rassures ton père, ça s’arrangera".
Ça c’est arrangé et en 1972 quand j’ai pris ma retraite
dans ma propre société de 50 personnes, il y avait 4 et
même 5 semaines de congés payés.
Avez-vous songé à cette révolution toute pacifique
"les congés payés" qui ont donné du travail
à des dizaines de millions de personnes dans le monde, qui ont
sorti des régions, des pays entiers de la misère, tout
cela parce que au bon moment, un homme comme les autres a lancé
cette phrase : "et si nous demandions des congés payés".
Soyons raisonnables : tout ce qui était utopie en 1936 est réalisé
actuellement, mieux, dépassé. Ex. : la lune, c’est "bof",
on en est à la navette spatiale et on parle de Mars ; la greffe
des organes : on en greffe maintenant 4 en même temps.
Alors pourquoi seulement en économie n’est-on pas capable de
résoudre ces deux problèmes humains :
- ne plus détruire l’abondance, mais trouver une solution pour
que les malheureux consomment ce que l’on détruit. Ça
coûterait moins que les 420 milliards de centimes que va payer
l’Europe pour stocker, détruire et donner le lait européen
aux cochons. Une bonne idée pour boucher le trou de la Sécu.
- que l’on profite tous de ces loisirs créés par la science.
Et si je suis fou pour dire cela, si être sain d’esprit c’est
laisser les gens mourir de faim et alimenter en armements des pays pour
détruire hommes, femmes, enfants, vieillards, alors je préfère
ma folie.
Je pose cette question à tous nos médias :
" à la gauche : où sont les belles théories
du Socialisme ?
" à la droite : vous qui allez à la messe tous les
dimanches, que faites-vous de cette maxime chrétienne : "Tous
les hommes sont frères".
Y aurait-il quelque chose de "pourri au Royaume de France"
? ? ?
Alors, me direz-vous, qui doit proposer ces nouvelles lois économiques
qui, partant de France, envahiraient bientôt le monde entier et
mettraient fin à toute cette misère et à tous ces
assassinats, car la science permet de très bien nourrir le monde
entier.
- Qui ? mais tous nos hommes politiques et nos économistes et
pour ne pas les nommer : MM. Mitterrand, Chirac, Barre, V.G. d’Estaing,
les dirigeants du PS, du PC, du FN et pourquoi pas un Comité
des Sages où siégeraient tous les partis politiques ?
Toutes ces personnes promettent le bonheur aux Français. CHICHE
!
- qu’ils comprennent que nos lois économiques sont caduques,
n’est-ce pas Monsieur le Professeur !
- qu’ils constatent qu’avec l’apparition de la fée électricité,
dans les années 30, la nature a fait la révolution : l’abondance
a succédé à la rareté et le monde des loisirs
a remplacé le dur travail quotidien. Toute la nation doit profiter
de ces bienfaits de Dieu ou des hommes et non pas seulement un groupe
de nantis de moins en moins nombreux pendant que le nombre des démunis
augmente de 500 000 par an.
Comment réaliser cette nouvelle société en douceur,
si ce n’est en créant une monnaie de distribution* ?
Comment mettre nos médias au travail devant notre volonté
inébranlable ? Vous les misérables, vous les chômeurs,
vous les faibles, vous les mis à la retraite avant l’heure, vous
qui sortez des facs sans boulot, vous les jeunes qui n’avez pas de boulot
et qui n’en aurez jamais, vous les smicards avec votre allocation de
misère (quel représentant d’un syndicat ou d’un parti
vivrait avec cette allocation), vous tous qui êtes malheureux
et dont personne ne s’occupe, il y a un moment où vous redevenez
des Français à part entière et où nos médias
se prosternent devant vous, en vous promettant tout ce que vous voulez.
Oui, c’est le jour du vote et aucune promesse n’est trop belle pour
que vous déposiez le "bon bulletin dans l’urne". Après...
vous connaissez déjà la suite, on vous expliquera que
si ça ne va pas, c’est de la faute des autres. J’ai 75 ans et
suivant un air connu "c’est toujours la même chanson".
Ce qui me permet d’affirmer qu’en politique
- celui qui en fait son métier, c’est un bon job !
- celui qui en fait un idéal, c’est un cocu !
et cela s’applique à tous les partis sans exception.
Vous qui voulez avoir le droit de vivre, vous qui vous refusez à
être les mendiants du régime, profitez de ce jour unique,
le jour du vote pour exprimer votre mécontentement. C’est simple,
prenez le bulletin de vote que vous voulez, barrez- le de 2 faits et
inscrivez : C = F
C = chômeur
F = Français à part entière
Votez tous car des gens sont morts pour que nous ayons ce droit de vote.
Songez aux pays misérables où n’existe pas ce droit de
vote sinon au cours de certaines parades où le choix n’existe
pas.
Plus vous serez nombreux et plus nos médias comprendront qu’il
faut enfin s’occuper des vrais problèmes avec de nouvelles lois
économiques aussi avancées, aussi révolutionnaires
que notre chirurgie et notre science actuelles.
Le rôle de nos hommes politiques, ce n’est pas de s’occuper d’un
parti ou d’un clan mais de Français, de tous les Français
sans exception, pourquoi pas l’union sacrée contre ce crime avec
préméditation
"La misère dans l’abondance".
Quant à vous, révolutionnaires de toutes tendances, ce n’est pas en tuant des capitalistes, des officiers, des leaders politiques et même de pauvres passants que vous ferez changer quelque chose. "On ne démolit qu’en construisant" ;
Construisons une société d’abondance
qui doit remplacer cette société de rareté que
l’on veut maintenir à tous prix.
Un bon Français, c’est un Français vivant. Ne laissez
pas les désespérés de demain se mettre en colère.
Une dernière preuve :
Le 20.08.87, A2, midi : à la Sécu, 40 000 employés
sur 190 000, soit 20 %, vont être licenciés. Responsable
: la science : entrée de l’informatique à la Sécu.
* Voir par exemple "Socialiser l’abondance" du GRHAP.