Réflexions d’un mutualiste
par
Publication : octobre 1987
Mise en ligne : 1er avril 2008
Voici des extraits du discours prononcé le 23 mai 1987 par René Teulade, Président de la Mutualité Française, lors du rassemblement pour la défense de la Sécurité Sociale, devant plus de 100 000 personnes :
"...Plutôt que de réduire les remboursements,
il aurait été plus courageux de s’attaquer à deux
maux dont souffre notre système : son opacité et sa complexité.
La réglementation et le vocabulaire ne sont compris que par quelques
spécialistes. Il existe plus d’une trentaine de régimes
à cotisations et prestations différentes.
Ce qui est clair, c’est que le régime général des
salariés verse plus de 40 milliards de francs cette année
aux autres régimes. Je rappelle que c’est deux fois le déficit
attendu pour ce même régime en 1987.
Faire le point de ces circuits financiers complexes est impératif.
Si certains régimes ont besoin d’aide, il faudrait d’abord que
leurs bénéficiaires les financent en fonction de leurs
revenus réels, et non supposés. Et une bonne part de cette
"compensation", puisque c’est le terme, est du domaine de
la solidarité nationale, donc de l’Etat. On ne voit pas pourquoi
les salariés, dont on connaît les ressources, devraient
payer les retraites de certains nonsalariés dont on connaît
mal les revenus...
En ce qui concerne les cotisations des entreprises, et sans entrer dans
le détail, on remarque que la production fait de plus en plus
appel à la "machine" et de moins en moins au travail
humain. Les cotisations assises sur les seuls salaires deviennent une
absurdité économique...".
Il y aurait beaucoup à écrire sur ce sujet, nous y reviendrons
sûrement. Contentons-nous cette fois de deux remarques :
1. Les "prélèvements obligatoires" dont se plaignent
tant certains gros contribuables ne sont, en effet, pas toujours si
mauvais, notamment lorsqu’ils interviennent comme redistribution en
faveur des plus déshérités. C’est de leur utilisation
néfaste, particulièrement pour la fabrication d’armements
inutiles et dépassés aussitôt que construits, qu’il
conviendrait de se plaindre.
2. Comment faire payer les "machines" ? Une taxe découragerait
les "investissements productifs" et pénaliserait les
entreprises nationales face à la concurrence. Alors quoi ? Le
revenu social ?