Abondance de richesses


Publication : 25 avril 1939
Mise en ligne : 29 mars 2008

Toujours le coton

Chacun sait que l’abondance du coton aux Etats-Unis est le cauchemar de son gouvernement. Tout comme notre ministre de l’Agriculture au sujet du blé, celui de l’Amérique est obsédé par des récoltes abondantes et pléthoriques de coton se succédant sans relâche.

Or, un peu partout dans le monde, de nouveaux concurrents se lèvent. Des essais entrepris en Syrie, voici quelques années, ont pleinement réussi. En 1936, 40.000 hectares ont fourni 200.000 quintaux de coton ; en 1938, 37.000 hectares ont fourni 240.000 quintaux. Avec moins d’hectares cultivés, on a obtenu un rendement supérieur. La production n’est pas encore suffisante pour les besoins locaux, mais elle est en plein essor et les producteurs envisagent le moment où ils pourront essayer... d’exporter.

Quels beaux tournois en perspective entre tous les producteurs du monde.

Un nouveau produit tannant

Le goudron de tourbe est depuis quelque temps employé avec succès par des tanneries soviétiques comme produit tannant.

Ce goudron, étant un produit résiduel, présente sur les autres produits du même genre l’avantage de ne rien coûter.

Abondance de services

Paris-Midi du 22 avril nous apprend que les pourparlers pour le creusement d’un nouveau canal entre la mer Rouge et la Méditerranée ont abouti. Le canal partira de Rafa, près de Gaza, sur la Méditerranée, pour aboutir à Akaba, dans le golfe du même nom. Les travaux dureront cinq ans. Ils seront effectués par une société à prédominance anglaise.

Mais que va devenir la valeur de l’ancien canal ?

La maturation artificielle des fruits, fleurs et légumes

Un agronome italien a construit à Milan d’immenses serres dans lesquelles la maturité des plantes est accélérée grâce à la présence dans l’air d’une forte proportion d’éthylène obtenu comme sous-produit (50 %) de la fabrication de l’azote à la Sociétà Azogeno di Milano. On produit par cette méthode des bananes, citrons et divers fruits tropicaux. Le rendement des serres est considérablement augmenté du fait de la rapidité de croissance des diverses plantes et le capital immobilisé dans ces constructions rapporte davantage.

La cellulose de tiges de maïs

Les laboratoires d’essais d’Ocsa, en Hongrie, viendraient de réussir à extraire de la cellulose des tiges de maïs. Jusqu’à présent, ces tiges, dont la culture hongroise fournit annuellement près de 3 millions de tonnes, servaient simplement aux paysans pour faire du feu.

On estime que 300.000 tonnes de ces tiges suffiraient grandement à couvrir les besoins du pays en cellulose, et les résidus serviraient d’engrais.

Ostréiculture et électricité

Dans une entreprise d’ostréiculture située à l’embouchure d’un petit fleuve côtier, la Sendre, au bord de l’Atlantique, l’éclairage intense des parcs d’élevage au moyen de la lumière électrique a eu pour résultat de porter la production annuelle de quelques milliers de tonnes avant l’installation des lampes à 31000 tonnes en 1986.

La dépense se monte à 19 watt-heures par centaine d’huîtres, et l’emploi de la lumière, d’une composition spéciale, est susceptible d’accroître encore la multiplication des huîtres.

Les nouvelles méthodes de culture en Californie

La ville du Capitole, en Californie, a décidé de fournir elle-même en légumes ses chômeurs et une partie de la population laborieuse. Elle possède maintenant deux serres à plusieurs étages, de 61 mètres de longueur sur 24 mètres, contenant 66 bassins de culture remplis d’eau dans laquelle on fait dissoudre des engrais chimiquement dosés. Cette eau est réchauffée par des câbles électriques de 220 volts.

On a ainsi récolte en une année six fois plus de tomates ou de pommes de terre qu’en pleine terre. De plus, la lutte contre les insectes parasites est considérablement facilitée par cette méthode de culture intensive.

30 milliards de boîtes de conserves

Le Français Nicolas Appert, qui découvrit, dans les premières année du XIXe siècle, le moyen de conserver les aliments dans des récipients clos, après Ies avoir stérilisés par la chaleur, était loin de se douter du développement inoui de son procédé.

Il commença par employer des bouteilles en verre, lourdes et fragiles. Actuellement, on emploie des boites en fer blanc dont I’épaisseur varie en général entre 25 et 35 centièmes de millimètre. Ce fer blanc est obtenu en faisant passer des feuilles d’acier doux à travers de l’étain fondu.

On peut estimer la consommation mondiale de ces boîtes à environ 3O milliards de boîtes par an.

La montée de l’abondance

Les oasis d’In Salah et Tamanrasset n’étaient irriguées que par des foggaras à demi ensablés. A Djanet, l’eau manquait partout. Aujourd’hui, les foggaras ont été remis en état. Des puits ont été forés. De ce fait, la production dattière a pris un gros essor. Dans tous les postes, la culture est devenue possible. On a semé du blé et des légumes, on a planté des arbres fruitiers. Il y a des pêchers à Djanet. Et le Hoggar produit maintenant plus de blé qu’il ne lui en faut pour sa consommation.

Abondance de monnaie

En 1914, nous avions environ 9 milliards de monnaie en circulation ;

En 1929, nous en avions environ 50 milliards ;

En 1937, nous en avions environ 90 milliards ;

En 1938, nous en avions environ 105 milliards ;

Fin 1938, nous en avions environ 111 milliards ;

Au 16 mars 1939, nous en avions environ 113 milliards

Au 23 mars 1939, nous en avions environ 116 milliards ;

Au 30 mars 1939, nous en avions environ 120 milliards ;

Au 13 avril 1939, nous en avions environ 122 Milliards.

Ainsi, en quinze ans, dont cinq de guerre, de 1914 à 1929, l’augmentation à été de 41 milliards.

En neuf ans, de 1929 à 1938, l’augmentation a été de 50 milliards.

En un an, de 1938 à 1939, l’augmentation a été de 10 milliards.

Enfin, en trois mois, de janvier à mars 1939, l’augmentation a été de près de 10 milliards.

Ne nous étonnons donc pas si cette abondance de monnaie en détruit la valeur et qu’en conséquence, les produits de consommation augmentent sans cesse.