Lettre ouverte au « Point »

Lecture
par  J. LEBLAN
Publication : octobre 1982
Mise en ligne : 28 mars 2008

VOTRE article « Pays de l’Est : inventaire d’une faillite », diffusé par « Le Point » du 2-8 août 1982, me permet de faire les remarques suivantes :
1) Les pays que vous appelez « socialistes » sont en fait des CAPITALISMES D’ETAT. La comparaison que vous faites est donc celle qui existe entre le capitalisme plus ou moins privé et le capitalisme, ou ECONOMIE MARCHANDE, d’Etat.
On cache ce fait capital à la population pour lui faire croire qu’en dehors de notre économie de marché capitaliste, il n’y a pas de socialisme valable.
2) Les critères qui servent à votre comparaison entre l’est et l’ouest son bien grossièrement incomplets puisque vous mesurez la valeur d’une société seulement sur sa capacité de production ! Ne faudrait-il pas parler D’ABORD du degré de pollution... du niveau culturel de la jeunesse... de la qualité des productions et des activités (film tel que « Crimes à la tronçonneuse », pornographie débile, tiercé et loto, etc.) ... du nombre des drogués... de l’augmentation de la folie, de la délinquance et de l’insécurité...
3) Contrairement à ce que vous suggérez, une grande quantité d’automobiles produites dans un pays n’est pas un signe de civilisation enviable. L’auto est une calamité sociale ; rien qu’en France. elle tue plus de dix mille personnes par an, sans compter la pollution qu’elle engendre. Heureux les habitants de Tirana qui sont plus tranquilles et respirent mieux que les habitants de Paris, Los Angeles et ailleurs.
4) Vous employez le mot « CRISE » pour désigner ce qui est la FAILLITE de notre capitalisme occidental, sous-entendant ainsi faussement que c’est du provisoire.
NON, CE N’EST PAS LA « CRISE » MAIS L’EFFONDREMENT DEFINITIF D’UN SYSTEME ECONOMIQUE DEVENU INADAPTABLE AU PROGRES TECHNIQUE GRANDISSANT. Chaque machine remplace beaucoup plus de main d’oeuvre qu’il en a fallu pour la construire et s’obstiner en économie marchande à rétribuer les travailleurs en se basant sur le temps de travail d’abord tandis que la machine rend ce travail humain de moins en moins nécessaire conduit au chômage tout en multipliant les activités inutiles et nuisibles sous prétexte de RENTABILITE et de «  PLEIN-EMPLOI » en produisant à outrance n’importe quoi, n’importe comment, dans une « expansion » ou « croissance  » monstrueuse qui détruit la nature et l’homme : hypertrophie de la bureaucratie et de la paperasserie, la camelote qui s’use vite exprès, les intermédiaires en surnombre, la publicité tyrannique et abrutissante, la production la plus nuisible de toutes, celle des armements... soit pour le tout environ 75 à 80 % des activités !.. LA CREATION DE L’ESCLAVAGE PRODUCTIVISTE EST EN MEME TEMPS UN CANCER QUI RONGE LA TERRE.

En ajoutant à votre article ce qui vient d’être dévoilé, il devient bien difficile d’affirmer lequel des capitalismes du monde est le moins mauvais. Mais est-ce tellement important de comparer notre système économique, social et culturel avec celui des pays dits « communistes » lorsque nous ne pouvons pas aller les visiter pour enquêter sur place NOUS-MEMES ?... Doit-on laisser une bouse de vache devant sa porte sous prétexte que le voisin en a deux ?
Supposons quand même, faute clé pouvoir le vérifier nous-mêmes sur place, que le capitalisme d’Etat soit encore plus mauvais que le capitalisme occidental... Eh bien, ne serait-ce pas là justement une raison supplémentaire pour instaurer dans nos pays une véritable économie socialiste donnant ainsi un exemple prodigieux aux voisins d’en face en mettant fin à la soitdisant « crise ». QUE POURRAIENT DIRE DANS CE CAS LES COMMUNISTES  ?
Un grand sociologue, un véritable socialiste, Jacques DUBOIN, a en France mis en lumière les bases d’une économie nouvelle, DISTRIBUTIVE D’UN REVENU SOCIAL A VIE POUR TOUS, de manière à ce que la TOTALITE des revenus distribués soit indépendante de la TOTALITE du temps de travail de l’ensemble des producteurs ; puisque, de plus en plus, ce sont des machines qui font le travail à la place des hommes, Ne serait-il pas urgent de s’en inspirer ?
Pour se renseigner au sujet de !’ECONOMIE DISTRIBUTIVE, vous pouvez vous adresser à « LA GRANDE RELEVE des hommes par la science ».
Bien amicalement quand même.