L’inflation ? C’est le seul moyen d’empêcher l’abondance !
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Publication : mai 1977
Mise en ligne : 18 mars 2008
Ce qu’est l’inflation ? C’est une maladie du capitalisme,
le dernier épisode de la lutte du système contre son ennemi
N°1 : l’abondance !
D’où vient le mal ? D’abord, certains faits sont évidents.
Par exemple, quand les prix montent - et que les marchandises ne s’en
vendent pas moins - c’est que les acheteurs ont en poche la monnaie
d’échange nécessaire. Il a donc bien fallu qu’une création
de monnaie précède la hausse des prix.
A l’origine d’ailleurs, « inflation » signifiait gonflement
monétaire. Il est vrai que ce n’est pas nouveau et que toutes
les monnaies ont perdu de leur valeur. Mais cela se faisait lentement.
L’as romain est passé de 327 grammes à... 2 grammes seulement,
mais en 400 ans. Périclès qui, croit-on, inventa ce genre
de dévaluation, le fit « pour soulager les débiteurs
» (et Voltaire, par-delà les siècles, l’en félicita...)
.
Il est vrai que, pour ne pas payer intégralement leurs dettes,
les emprunteurs ont usé de ce procédé, mais c’était
une inflation rampante. Ce qui distingue notre époque, ce n’est
pas seulement que le papier (ou une simple signature) a remplacé
le métal, c’est que, de rampante, l’inflation est devenue galopante.
DANS L’ANTRE DES SORCIERS
Comment et pourquoi cela se manifeste-t-il ? Pas du
fait des commerçants, oui ne peuvent attraper au passage que
l’argent qui, déjà, circule. Pas de celui des salariés
qui n’obtiennent d’augmentations qu’après qu’on ait constaté
que les prix avaient précédemment monté (ce qui
est conséquence ne saurait devenir cause).
Le cercle vicieux n’est donc pas celui des salaires et des prix, mais
des prix et de la monnaie. Et pour le voir, il faut aller à la
source de la création monétaire, sur laquelle aucune hésitation
ne subsista aujourd’hui : les créateurs sont les banques fies
pièces et billets ne sont plus qu’une monnaie d’appoint).
Les banquiers ont d’ailleurs une raison de créer de la monnaie
de crédit (appelée aussi monnaie de banque), c’est la
demande des entrepreneurs, à court terme pour retarder les échéances
et à long terme pour investir.
L’OFFRE ET LA DEMANDE
« Investir », c’est créer de nouveaux
moyens de production. Jadis, cela se faisait rapidement et à
bon marché. Les progrès techniques ont accru de façon
extraordinaire le volume des capitaux nécessaires et ont éloigné
de plus en plus le temps où ces nouveaux moyens de production
entreront en service, c’est-à-dire produiront des « marchandises
».
En attendant, les crédits d’investissements, à quoi servent-ils,
sinon à donner à ceux qui construisent ces nouveaux moyens
de production le moyen de vivre ? Sur le marché, ils représentent
donc une demande sans offre correspondante (puisque l’offre correspondante,
ce sera la production qu’ils préparent).
Quand cette sorte de fossé s’élargit, on ne peut plus
le sauter sans que ça se voie : le décalage entraîne
toutes les conséquences bien connues (celles que, par extension,
on a appelées elles- mêmes l’inflation...) .
C’est d’ailleurs parce qu’ils n’ignorent pas ce processus que les gouvernements
capitalistes qui tentent de « juguler » l’inflation ont
pour premier souci d’encadrer (comme ils disent) le crédit.
CETTE VIEILLE ENNEMIE : L’ABONDANCE !
On ne réduit pas le crédit, on le renchérit
seulement. D’ailleurs, s’il pouvait être vraiment réduit,
cela aurait rapidement deux effets au moins, cela produirait une stagnation
génératrice de pénuries et cela ferait faire faillite
aux banques, phénomène dont il n’est pas question pour
le moment !
Alors, au total, pourquoi n’arrive-t-on jamais à y « mettre
bon ordre », comme on le promet sans cesse ?
Parce que, pour les banques, comme pour les entrepreneurs, la seule
loi du régime est celle du profit. Le seul désir est donc
de vendre (le crédit comme les marchandises) plus cher et, dans
ce dessein, toute pénurie, réelle ou artificielle, est
une aubaine.
N’allons pas chercher midi à quatorze heures ni remonter au déluge
: le système des prix-salaires- profits ne redoute qu’une chose
- et il mettrait le feu aux poudres pour l’empêcher - c’est l’abondance
!