Agriculture et Santé
par
Publication : avril 1977
Mise en ligne : 18 mars 2008
Nous décrirons dans de prochains articles les méthodes de culture biologique, puis les problèmes qui se posent. Car c’est là le point faible des écologistes. Pour les méthodes, il s’agira plutôt d’un rappel, car nous les avions présentées aux lecteurs voici quelques années. Nous attendrons leurs remarques.
Jean Pennaneac’h a écrit dans « La Grande
Relève » de décembre 1976 un article bien documenté
au sujet de la Sécurité Sociale. D’un autre côté,
des lecteurs demandent quelle pourrait être l’agriculture en Economie
Distributive. Ces problèmes paraissent différents à
première vue. Il n’en est rien.
...« On est en droit de se demander si nous sommes bien soignés
» dit Jean Pennaneac’h. Beaucoup de gens - mais pas assez encore
! - se posent la même question.
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DEPENSES DE SANTE OU DE MALADIE ?
Il est bon de remettre au point ce problème
de la Sécurité Sociale, car trop de mensonges courent
s ce sujet. Mais, en admettant que les dépenses de santé
soient trop fortes pour la nation, là n’est pas le scandale.
Le scandale, c’est qu’il ne s’agit pas de dépenses de santé,
mais de dépenses de maladie !
Ces dépenses ne seraient pas graves, et même bénéfiques,
si elles aboutissaient à une amélioration générale
de la santé française. Est-ce le cas ? Trop souvent non,
hélas ! Et leur augmentation continuelle en est une preuve supplémentaire.
Certes, la chimie médicale et l’abus de la chirurgie ne sont
pas les seuls responsables. En dehors
des maladies « iatrogènes » (causées par les
médicaments) la dégradation des conditions de vie tient
sans doute une plus large place. Il n’en reste pas moins vrai que la
Sécurité Sociale rembourse sans sourciller une quantité
de thérapeutiques inefficaces et refuse de rembourser des soins
de haute valeur (cures de jeûne par exemple).
Nous sommes bien placés pour le savoir. Et si cet ostracisme
a disparu nous aimerions en être informés. Ce ne peut être
que tout récent.
On nous avait répondu à l’époque : « C’est
la faute du contrôle médical et pas de la Sécurité
.. Il paraît que cela ne va pas ensemble [1]. Encore un mystère
de plus, n’est-ce-pas, sauf pour les adhérents du M.F.A. : ils
savent bien qu’il ne faut pas « tuer la poule aux oeufs d’or »,
en l’occurence, l’augmentation de la morbidité.
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AUGMENTATION DE LA MORBIDITE
Car, cela aussi il faut que nos camarades, trop souvent
fanatiques du « Progrès le sachent ; la baisse de la mortalité
a été compensée par l’augmentation de la morbidité,
c’est-à-dire du nombre de gens malades, pas d’une façon
aigüe et fatale (du moins pas toujours), mais chronique, et obligés
de se soigner constamment.
Les grandes épidémies ont été remplacées
par d’autres maladies : hépatites, cancer, maladies cardio-vasculaires,
mentales, etc...
Les spécialistes du cancer attribuent 80 % des cas à l’environnement
(déclaration faite en particulier par le Pr John Higginson, de
l’Institut International de Lyon). Nous n’avons même pas besoin
de recourir ici aux fanatiques de l’écologie et de la médecine
naturelle pour les mises en garde. Et à côté du
cancer, combien d’allergies, de maladies pulmonaires, digestives ou
autres lui sont imputables ?
L’environnement, bien sûr, c’est l’air, c’est l’eau, mais aussi
nos aliments et notre manière de vivre.
Parmi ces facteurs, notre alimentation est primordiale. Si la production
agricole a battu des records (coupés de fortes baisses, il est
vrai), ces dernières années, sa qualité ne s’est
pas améliorée, au contraire ! Nous posons la question
à nos lecteurs : le progrès consiste-t-il à rendre
les gens malades, puis à inventer des tas de remèdes plus
ou moins complexes pour les soigner, ou bien leur offrir des conditions
de vie qui les empêchent de tomber malades ?
Il nous semble que la réponse est évidente. Inutile de
continuer à polluer l’eau et l’atmosphère avec les rejets
des usines chimiques si l’on peut se passer de leurs produits en médecine
et en agriculture. Et c’est possible. L’expérience le démontre.
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ECOLOGIE ET ECONOMIE
Depuis que nous étudions l’agriculture biologique,
nous avons eu connaissance de nombreux témoignages, prouvant
l’amélioration de la santé des plantes et des animaux,
mais aussi de la santé des agriculteurs eux-mêmes. (Nous
avons fait des constatations identiques en médecine naturelle).
L’agriculture biologique a donc un double résultat : elle permet
de se passer d’une grande partie de l’énergie employée
par l’agrochimie, tout en améliorant ou rétablissant la
santé des consommateurs. Elle est capable d’atteindre ou même
de dépasser les rendements de l’agrochimie !
Elle fait mieux : ses rendements se maintiennent, alors que ceux des
méthodes courantes, après avoir atteint un sommet, décroissent
ensuite régulièrement (en proportion des fertilisants
employés, mais aussi en valeur absolue).
Exemple : des rendements en blé variant entre 40 et 70 qx/hectare
! Nous connaissons un agriculteur produisant régulièrement
entre 45 et 60 qx/hectare. Ces témoignages ne manquent pas. Si
les adversaires contestent, qu’ils prouvent le contraire.
Notons enfin que le blé du cultivateur précité
est d’une propreté étonnante : peu de graines de plantes
adventices et ce, sans aucun herbicide.
Ce détail a son importance, lorsqu’on sait que l’on utilise,
pour désherber les céréales, des produits à
base de 2-4 D ou 2-4-5-T, comme les défoliants du Vietnam. Ils
renferment de la dioxine, le bon produit de Seveso, et sont interdits
aux EtatsUnis, qui savent à quoi s’en tenir !
Voici encore quelques renseignements supplémentaires :
- après avoir augmenté, l’espérance-vie baisse
de nouveau dans les pays « avancés ».
- les épidémies subsistent, malgré les vaccinations,
dans les pays où règne la misère (variole, choléra,
tuberculose), il y a eu progrès, chez nous, dans ce domaine,
mais la grande bouffe et la pollution alimentaire pourraient bien les
remettre en cause ; et nous n’avons pas éliminé la misère.
[1] Il va de soi que le principe sur lequel est fondé la Sécurité Sociale n’est pas en cause. Il s’agit de la remettre au service des citoyens. Le « cochon de payant » a son mot à dire dans le choix de son traitement.