A propos des grands travaux


Publication : 1er novembre 1935
Mise en ligne : 2 décembre 2006

« Il est avéré que 100 millions de travaux représentent 50 milIons de salaires. »

Cette affirmation, lue dans la plupart des quotidiens, n’est pas exacte.

Il y a trente ans, avant le développement du progrès technique, les salaires représentaient environ 70 % des travaux. Aujourd’hui, grâce au progrès technique, les salaires, dans le bâtiment et les travaux publics en général, ne représentent plus que 20 % environ.

C’est d’ailleurs la raison que l’on donna en Angleterre pour repousser le programme de grands travaux, proposé dans le but de résorber le chômage.

Les séries de prix encore en usage sont établies comme si tous les travaux étaient exécutés à bras d’hommes. A la valeur attribuée au travail humain se substitue le capital investi dans l’outillage. D’où grosse erreur dans le calcul !

Et qu’on ne vienne pas dire qu’il y a simple transposition, c’est-à-dire que la machine, pour sa fabrication, absorbe l’équivalent de main-d’oeuvre qu’elle supprime sur le chantier.

Car il est avéré - et ceci sans discussion possible - que dix hommes suffisent à fabriquer une machine qui fait le travail de cent.

Au reste, s’il n’en était pas ainsi, comment expliquer les 35 millions de chômeurs que compte le monde ?...

Des grands travaux pour augmenter la puissance productrice du pays : excellente mesure ; des grands travaux pour résorber le chômage : bourrage de crânes.

Et puis, il faudrait bien s’entendre. Dans notre régime agonisant, qui est malade ? La production ou la consommation ? Ce n’est certes pas la production, puisqu’on la détruit sous forme d’assainissement de toute nature. Alors, pourquoi chercher à accroître encore ses possibilités ? Pour pouvoir détruire davantage ?...

Allons ! Les véritables fous ne sont pas ceux que l’on enferme dans les cabanons des asiles.

On demande des camisoles de force ! Voilà une industrie nationale à créer, de toute urgence, par décret-loi.